Un duo entre paradis et enfer
- R&B
- 14 avr. 2016
- 3 min de lecture
… Mais il existe toujours un coin de paradis non loin d’ici.
La piscine municipale, ça ne fait pas rêver ? Ici, si ! Ça se mérite : 30 minutes de marche en plein cagnard, à longer les murs, éviter les chiens affamés, trouver son chemin entre les ruines et surveiller les enfants qui nous accompagnent, c’est une expédition qui rapporte gros : de l’eau fraîche à volonté, de l’herbe verte, une bonne douche et des rires d’enfants. On en profite à fond et rentrons reposés, relaxés et frais pour la semaine.
L’oasis de Huacachina, là ça fait vraiment rêver ! C’est beau mais on ne s’y baigne pas. L’eau émeraude y est trop stagnante, sale et chaude. Un oasis, ça se rêve : il faut marcher des heures dans les dunes pour l’atteindre, le contempler de loin et l’apprécier. C’est juste une sensation, comme si l’on s’y baignait mais sans se mouiller, on a alors envie de manger dans un restaurant aux alentour, d’écouter de la musique et de sortir. La baignade est un mythe remplacé par les piscines des hôtels qui le bordent.
La lagune de Palpa, algues et eau stagnante oui, mais 30 minutes de bus puis 30 minutes de marche pour atteindre ce havre de paix. Il faut connaitre pour se perdre et fuir les klaxons. Entre bambous et rochers, les petits poissons viennent vous débarrasser de vos parasites et se font un malin plaisir à susurrer vos boutons de moustiques et vos orteils de pied. Sensations garanties ! L’eau fraîche, l’ombre, le vent et la végétation luxuriante vous feraient presque oublier que vous êtes au beau milieu du désert. Meilleurs jus d’orange du Pérou en récompense mais surtout en attendant le bus.
La plage de Lomas, c’est beau, mais c’est loin. Comptez 15 minutes de négociation pour une place dans un espace plein à craquer (toute les excuses sont bonnes pour faire monter les prix : jour férié élections, etc.), 30 minutes d’attente pour le remplir et 1 heure de trajet sur une autoroute à 1 voie. Cœur accroché, vous arrivez devant une plage immense, vous êtes le seul touriste assez fou pour vous jeter à l’eau et profiter de sa fraicheur extrême. Vous louerez aussi un parasol la prochaine fois pour ne pas brûler ! Un petit port de pêche approvisionne les restaurants servant le fameux « Ceviche » et « Cicharon de pescado » sur la plage, le must. Ne vous oubliez pas, il est 16 heures, commencez à chercher quelqu’un qui voudra bien vous ramener chez vous au risque de passer la nuit dans une cabane de pêcheur.

Mais qu’est-ce qu’un paradis sans enfer ?
L’enfer c’est la chaleur, le manque d’eau. C’est une classe qui s’échauffe. C’est les buggys et camions de Mad Max en quête d’une station-service. C’est le petit taxi pourri où seul le moteur, le volant et les 4 roues tournent mais assez sûr de lui pour transporter 5 personnes. Une journée en enfer, ça se vie : 30 km de marche le long de la panaméricaine à se faire klaxonner par tout le monde. Les pieds meurtris par le poids de l’eau, nous marchons entre une route à 40°C et les déchets jetés par la fenêtre, les pneus éclatés et les poulets écrasés. Pas de pitié, il faut avancer pour atteindre notre but ultime, notre fin, le cimetière de momies de Chuchilla. Les momies n’ont plus de soucis à se faire, blotties au fond d’un trou, protégées du soleil, elles attendent seules, au milieu de nul part, une visite. Bonne chance pour le retour, ne faites pas le difficile sur l’état de la voiture.
Coup de soleil après coup de soleil, notre peau s’assombrie et tend vers la couleur péruvienne, de quoi passer inaperçu, payer son eau moins chère et éviter que les enfants nous tripotent comme des extraterrestres.
Mais au fait ils sont comment ces enfants ? …
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