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30 degrés à l'ombre

  • R&B
  • 14 avr. 2016
  • 3 min de lecture

30, comme le nombre de degrés à l’ombre dans notre nouveau « chez nous »


Chez nous ? Fermez les yeux et imaginez un désert montagneux, rocailleux, aride, où tout n’est que chaleur et poussière. Le ciel est d’un bleu immaculé, le soleil de plomb. Comme si Dame Nature avait passé un contrat tacite nourrissant le puissant lobby des crèmes solaires. C’est simple : 11 mois d’été suivis d’un autre de printemps. 34 degrés en moyenne. 20 mm de pluie par an : ce qu’il pleut à Strasbourg toutes les 10 minutes. Rien de plus. « L’hiver ? Le printemps ? L’automne ? Connait pas. » C’est d’ailleurs à se demander si le pizzaïolo local ne se fout pas de notre gueule lorsqu’il vante sa 4 saisons. Ouais ouais c’est ça, balance plutôt la hawaïenne charlatan !


Dans ce désert, visualisez Nazca. Une ville petite par la taille mais grande par l’histoire. 30 000 habitants à vue d’oeil, 2600 ans de glorieux passé à vue de nez. À la fois épicentre de la civilisation pré-inca et poumon économique de la région, la métropole a parfaitement assimilé le slogan pondu par le service marketing du ministère du tourisme péruvien : « Nuestro pasado tiene futuro » (« Notre passé a un futur »). Pas mal non ?


Maintenant, pensez à des artères grouillantes, à des taxis zigzagant à contre sens entre les primeurs ambulants, à des vendeurs à la sauvette vous alpaguant à chaque mètre parcouru, à des papys souriants, paisiblement (pour ne pas dire durablement) installés sur la place centrale, couvant du regard la tumulte quotidienne…

Ainsi va la vie nasquena…


Dans cette petite ville, ou plutôt niché sur les hauteurs de celle-ci, projetez-vous à Vista Alegre, notre quartier, notre bidonville. Certainement pas le plus ghetto du Pérou. Certainement pas le plus riche non plus. Accessible en taxi depuis le centre de Nazca pour 25 centimes d’euros, Vista Alegre vend du rêve. Sobriquet paradisiaque, baraques bariolées aux couleurs des différents partis politiques, maisonnettes pour la plupart non achevées (la construction d’un toit étant un luxe plus qu’optionnel), terrains de football tous les 200 mètres, bodegas à tous les coins de rue et chiens qui voguent en meute… Une anecdote à débattre à la prochaine fête de voisinage ? Pas de problème, entre voisins, on s’invite facilement en s’empêchant de dormir avec de la musique stridente tous les soirs. La devise du barrio : « Travailler plus pour être heureux ». Une citation issue d’un brassage douteux entre le proverbe incitatif cher à N. Sarkozy et la philosophie du Dalaï-Lama. Une maxime pas toujours respectée, même sous la menace d’un coup de Kärcher, surtout à l’heure de la sieste, pénurie d’eau oblige. Un moment où il devient plus difficile de dénicher un commerce ouvert que de trouver un peu d’air frais dans le cagnard péruvien.


Dans ce quartier : montez, bravez les aboiements des canins au physique douteux, serrez à gauche après le lycée municipale, continuez après la piste d’athlétisme, puis sonnez au portail bleu : vous voilà arrivés à l'école française. Traversez la cour en prenant soin de saluer les enfants, n’hésitez pas à accepter les câlins (même pleins de morve, ça fait toujours plaisir), tapez dans le ballon avec eux si l’envie vous en prend, marchez 200 mètres en baissant les yeux pour ne pas vous faire dévorer par les chiens : vous voilà arrivés à la Casa Blanca (la Maison Blanche en français). Capacité : 8 personnes, occupation : 3 personnes, à croire que nous sommes les seuls à ne pas être à l’étroit ici. Loin des fastes de Washington DC, ici on est loin du confort présidentiel. Une Barack sans prétention, qui fait dans le rudimentaire, le sommaire et le nécessaire, mais où l’on ne manque de rien. De là à se demander si on signerait pour « Four more years », rien n’est moins sûr !


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