1ères semaines, 1ères impressions
- R&B
- 7 avr. 2016
- 4 min de lecture
Départ
Après avoir quitté nos familles tôt le matin, comme un jour lambda, sans nous rendre compte que c’était la dernière fois que nous les voyions avant un bon moment, nous entamâmes notre périple par la visite des aéroports de deux capitales, Paris puis Lima. L’Equipe et Le Monde dans une main, notre motivation dans l’autre, nous montâmes à bord sans peur ni reproche, profitant de la demi-journée de vol pour régler les derniers détails de notre arrivée (oui, il n’est jamais trop tard). Le petit déjeuner de bienvenu servi à 21h du matin, décalage horaire oblige, nous permit de nous acclimater à une nouvelle heure : la fameuse heure péruvienne. Pour ceux qui se lèvent tôt le dimanche, l’heure péruvienne, c’est quoi ?
Arrivée
C’est une heure dont l'espérance de vie est exceptionnelle. Celle qui condense l’éternité en 60 minutes. Celle qui vous fait passer les files d’attente de La Poste pour un 100 mètres olympique couru uniquement par des jamaïcains. Celle qui s’écoule lentement pendant que tu attends ton tampon sur ton passeport, avec un visa dont la durée sera jouée à la roulette russe par les douaniers. Celle qui te fait flipper en te faisant croire que tes valises sont encore en terre gauloise, avant un dénouement final heureux. Celle qui dépérit doucement pendant que tu attends que le père du fils du cousin de la mère du taxi que tu étais censé prendre initialement vienne te chercher avec toute sa famille au volant de son mini-van plein à craquer. Mais c’est surtout cette heure de sourire, à discuter, à vivre l’instant présent, à éprouver la pertinence du Carpe Diem, sans se précipiter. En effet, pourquoi faire aujourd’hui ce que nous pourrions faire demain ?

Lima, ville étape
Premier matin. Premier réveil à coups de klaxons et de balais contre notre porte, porte donnant sur une terrasse peuplée de tortues, paons et perroquets. Un avant-goût de ce qui deviendra rapidement notre quotidien. Les moteurs tournent à plein régime, les marchands à la sauvette s’égosillent, la ville grouille… Tout ça avant d’être irradiés par le soleil et cuit jusqu’au coucher du soleil, le premier marathon commence…
Nos premiers pas dans la mégapole s’effectuent baskets aux pieds. Pour un petit footing de décrassage, histoire de prendre possession d’une ville que nous raconterons plus tard. La récompense ? De l’eau, fraîche se dit « helada » : mot à connaître pour survivre au Pérou. De point d’eau en point d’eau, nous visitons la capitale à grandes enjambées, pensant qu’une journée suffirait à visiter une ville de 8 000 000 d’habitants (0 touristes) ! Nous avons marché, sur la place des Armes, le long des églises, sur le mont San Cristobal après avoir attendu 30 minutes que le bus se remplisse totalement, nous avons marché le long du « métro » de Lima, véritable autoroute réservée aux bus pour finalement atteindre la mer, enfin l’océan comme dirait l’autre ! Des vagues, des glaces ou « chupete », du sable, des palmiers, de l’herbe verte, le couché de soleil et une bière furent la récompense de cette course coriace. Arrivés rafraîchis dans le quartier branché de Lima, nous cherchons en vain les galeries d’art de notre guide. Nous avons alors compris que notre guide Michelin nous emmènerait plus certainement vers un lieu où déguster un bon « ceviche » (poisson cru mariné au citron et au gingembre) accompagné d’un Pisco Sour : le must. Seul au restaurant, heure péruvienne oblige, nous sortîmes repus et légers pour finalement se faire matraquer par la musique péruvienne lourde et dissonante d’un festival. Retour à l’hôtel pour partir tôt le lendemain.
Nazca, la rentrée des classes
Ici la rentrée des classes, c’est la rentrée de la classe. Les enfants, mieux sapés que le Karl à l’aube de la Fashion Week dans leur uniforme bleu turquoise et blanc (non, crème !), chaussure blanches, arrivent en courant, prêts à en découdre, remontés comme jamais. Gueules d’anges mais ambitions de petits démons, la joie des retrouvailles, les cris et les premiers jeux de mains-jeux de vilains s’interrompent pour laisser place à un instant très solennel : la prière suivit de l’hymne national. Distance, salut, repos et garde à vous ! À vos cahiers. Une chimère de discipline vite décapitée. Les esprits s’échauffent, dans la touffeur de la matinée.
Et là, ça y est : nous voici dans le grand bazar d’Istanbul. À croire que les petits diables ont passé l’été à potasser : « Comment foutre le bordel pour les nuls ? ». Il faut alors démontrer de grandes qualités de patience, de diplomatie et de créativité pour capter l’attention des enfants sans éteindre leur enthousiasme. Apprendre en s’amusant, voilà l’objectif du semestre ! Être ce prof cool sans mettre le bordel.
A 14h15, la sonnerie sonne, les fauves sortent de leur cage pour se jeter dans les bras de leur mère ou sur un cornet de glace. Une deuxième vague d’énergie dont les parents devront s’occuper. Après le repas de midi et son inévitable trio patate-pâte-riz arrosé de son jus de fruit rafraîchissant, c’est sieste et digestion accompagnées d’une agréable brise. La nuit tombe, la chaleur aussi, les klaxons cessent, c’est l’heure des jeux, du sport, des cours du soir et des devoirs. Une entorse à ce rythme, un mot plus haut que l’autre, un aller-retour improvisé et c’est le coup de chaud assuré, la transpiration, la soif.
Mais il existe toujours un coin de paradis non loin d’ici…
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